Croissance, progrès technique et emploi
Le progrès technique recouvre l'ensemble des savoirs qui permettent des gains de productivité. Il repose sur la recherche et se traduit par des innovations (produits, procédés, débouchés, matières premières ou organisation, selon les cinq types répertoriés par Joseph Schumpeter).
Les gains de productivité sont une source essentielle de la croissance, mais peuvent avoir des effets néfastes sur l'emploi lorsqu'ils sont plus importants que la croissance elle-même.
1. Quelles sont les répercussions des gains de productivité sur l'économie ?
Les gains de productivité sont à la source de l'augmentation du niveau de vie. En effet, ils permettent de diminuer les coûts de revient des produits, ce qui se diffuse aux salariés sous forme de hausse de salaires nominaux et/ou de baisse des prix de vente des produits, qui élèvent leur pouvoir d’achat.
De plus, les gains de productivité, à travers leurs effets sur les revenus et sur les prix, dynamisent la production. La baisse des prix réels des biens et des services stimule la consommation des ménages. Les entreprises peuvent conserver une partie des gains de productivité sous forme de profits facilitant l'autofinancement des investissements.
Par ailleurs, les recettes de l'État étant assises sur les revenus et la consommation, les prélèvements fiscaux et sociaux peuvent croître pour financer des dépenses publiques croissantes : investissements publics, créations d'emplois et transferts sociaux qui soutiennent la consommation des ménages.
Enfin, les gains de productivité, en permettant la baisse des prix de vente, sont un facteur de compétitivité et favorisent les exportations.
Les effets des gains de productivité sur la croissance :
2. Quels enjeux représente le partage de la valeur ajoutée ?
Rappelons que la valeur ajoutée représente la richesse effectivement créée par l'entreprise, qui transforme les consommations intermédiaires en produit final. La valeur ajoutée créée par tout le secteur productif permet d'évaluer la richesse créée au niveau national.
Comment cette richesse est-elle globalement répartie entre les acteurs qui ont participé à la production ? Cette question du partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits est politiquement sensible et économiquement difficile à appréhender.
Lorsque leur situation financière se détériore, les entreprises s'efforcent de rétablir leur rentabilité (répartition de la valeur ajoutée favorable aux profits) par la compression des coûts de production (notamment de la masse salariale), la recherche des gains de productivité et la réduction des coûts financiers.
À l'inverse, lorsque le partage global du revenu entre les salaires et les profits se déforme à l'avantage de ces derniers et que la situation financière des entreprises s'améliore, elles peuvent investir à une double condition : des perspectives de débouchés plus favorables et une rentabilité de l'investissement productif excédant le rendement des placements financiers.
Ainsi, le partage équilibré de la valeur ajoutée entre salaires et profits rejoint l'art du dosage et est touché par des considérations de justice sociale.
3. Quels sont les effets du progrès technique sur l'emploi ?
Les effets du progrès technique sur l'emploi sont visibles au travers des conséquences des gains de productivité. Ces conséquences sont paradoxales : la productivité est à la fois une condition nécessaire du maintien et même de l'augmentation de l'emploi et une cause de suppression de l'emploi.
La contradiction n'est qu'apparente : les effets positifs sur l'emploi interviennent plutôt à long terme en mettant en jeu des variables macro-économiques (augmentation de la demande, développement induit par de nouveaux équipements), alors que les effets négatifs sont plus immédiats et micro-économiques.
4. En quoi consiste la flexibilité ?
La flexibilité du travail prend plusieurs formes qu'il convient de bien distinguer pour éviter la confusion du débat politique et social.
- La flexibilité quantitative externe : il s'agit de faire fluctuer les effectifs de l'entreprise en fonction des besoins, en utilisant des contrats de travail de courte durée.
- L'externalisation consiste, elle, à déplacer sur une autre entreprise le lien contractuel avec le travailleur. Les contraintes du contrat de travail font place à la souplesse du contrat commercial entre l'entreprise et son sous-traitant ou la société de travail temporaire qui emploie les hommes personnes dont elle a besoin pour sa production.
Les autres formes de flexibilité sont internes. La souplesse est obtenue non par une variation du nombre de personnes travaillant pour l'entreprise, mais par une utilisation différente des salariés présents.
- La flexibilité quantitative interne peut être réalisée par une variation de la durée effective du travail, conduisant à moduler le temps de travail fourni dans les activités de production : variations des horaires (temps partiel, travail intermittent, utilisation des temps disponibles pour la formation ou la maintenance, heures supplémentaires, etc.).
- Quant à la flexibilité fonctionnelle, elle consiste à employer les travailleurs à des fonctions variables selon les besoins de la chaîne de production ou selon les fluctuations de la production. La polyvalence des hommes ou des équipes peut créer la souplesse nécessaire.
- Une cinquième forme de flexibilité existe, celle des rémunérations, qui est conçue comme un moyen de répercuter sur les salaires les évolutions de chiffre d'affaires et de coût de revient de l'entreprise en fonction des mouvements conjoncturels.
La recherche de la flexibilité peut permettre à l'entreprise de répondre efficacement aux fluctuations de la conjoncture économique et l'encourage à embaucher si elle a la certitude que ces nouveaux emplois et leurs rémunérations sont flexibles. Cependant, la flexibilité peut aussi amplifier la précarisation du marché du travail si elle déclenche un effet de substitution d'emplois précaires aux emplois stables.
À retenir
On peut résumer les relations entre croissance, productivité et emploi avec la formule suivante :
Variation de l'emploi = variation du PIB – variation de la productivité par tête.
Autrement dit, l'augmentation de la productivité a des effets néfastes sur l'emploi si elle est plus forte que la croissance. Ou encore, les gains de productivité sont une source essentielle de la croissance.
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